jeudi 5 février 2009

Quebecor Persiste Et Exige Que L'On Signe

Drôle d'histoire que celle du congédiement de Michel Vézina par Ici, journal hebdomadaire gratuit appartenant à Quebecor. Sans trop se le cacher, le journal admet du bout des lèvres que le chroniqueur littéraire a été remercié de ses services pour avoir refusé de céder ses droits d'auteur et droits moraux à son employeur, qui aurait alors pu, contre son gré et sans le payer davantage, publier ses textes dans d'autres publications appartenant au géant de la désinformation.

Comme, par exemple, dans le Journal De Montréal, actuellement en lock-out. Comme dans le Journal De Québec, lock-outé pendant deux ans. Même dans leurs revues à potins si besoin est et qu'un conflit de travail finit par y sévir.

Vézina ne voulait pas servir de scab, et a perdu son emploi à cause de ses principes. Au moins il peut se regarder dans le miroir sans avoir honte, contrairement aux cadres de l'empire de Pierre-Karl Péladeau, qui semblent inventer de nouvelles façons de berner les gens à chaque jour. Ils voudraient avoir 20 magazines et 20 journaux qui contiennent les mêmes textes que les gens achèteraient en plusieurs exemplaires et qui seraient analysés à deux stations de télévision et 20 stations de radio qui offrent la même programmation avec les mêmes animateurs pour ensuite pouvoir vendre le tell-all book autobiographique avec leur compagnie d'édition qui feraient de la promotion à leurs deux stations de télé et leurs 20 stations de radio et qui foutteraient les encarts publicitaires dans leurs 20 revues et 20 journaux pour ne finir que payer qu'une poignée de personnes en suçant tout l'argent de la province.

On croirait que la fin approche, que le fond du gouffre soit à la portée, que l'implosion ne pourrait tarder... mais ça empire à chaque semaine avec un nouveau scandale de contrat d'exclusivité et de cession de droits - parce que tout le monde qui manque de couilles les signent et se ferment la gueule, alors que dans une société de 7 millions d'habitants et des centaines d'artistes et seulement trois groupes médiatiques privés qui offrent de la visibilité en plus de la télé et la radio d'État, ce devrait être les créateurs qui auraient le ''gros boutte du batte'' comme dirait Stéphane Richer.

Mais pour faire son cash avec un peuple de brebis, faut bien que leurs modèles directs en soient aussi. C'est sûrement aussi la raison pour laquelle on ne voit pas Arcade Fire à TVA, pourtant un grand groupe à réputation internationale - parce qu'eux, non seulement ils ne se soumettront pas à ces âneries, mais ils peuvent aussi très bien s'en passer, de TVA et de Quebecor World, puisqu'ils jouent à la BBC et à Saturday Night Live et réussissent à bien vivre en dehors de notre simili-star-système miniature qui s'entre-mange, s'auto-récompense et s'accouple entre lui-même à temps plein.

Il en faut plus, des artistes qui ont un colonne vertébrale solide, des Jean Leloup hors normes et imprévisibles, des Colocs qui abordent des sujets et enjeux sociaux importants. Ça fait presque 10 ans maintenant qu'on vit dans un abîme de Sylvain Cossette et de Marie-Mai. Sacrament!

Au moins, il y a encore des journalistes qui se tiennent debout. Bravo, M. Vézina.