vendredi 23 janvier 2009

Les Québécois Et L'Argent

Ça n'a pas l'air de faire bon ménage. Ou peut-être est-ce seulement notre passion quasi-sportive, notre propension au chialage...

En tous cas, plus tôt aujourd'hui, Patrick Lagacé a écrit un blogue relativement informatif (quoique plus du genre ''revue de presse'' que ses textes habituellement plus drôles et sarcastiques) sur les négociations rompues au Journal De Mourial. Son ancien employeur, mais il n'y a aucun conflit d'intérêt, la sortie de la nouvelle prime, et si les journalistes ne pouvaient plus écrire sur les domaines qu'ils connaissent, ils seraient tous aussi mauvais que Franco Nuovo de toute façon.

S'ensuivit une série de commentaires ''virils'' et aggressifs sur les demandes exagérées des syndicats - surtout en ''période de crise économique'' - tous aussi prévisibles qu'aveuglément anti-travailleurs et pro-multi-nationale-qui-fait-donc-pitié (à laquelle je viens d'envoyer mon CV, d'ailleurs, pour écrire en anglais dans un hebdomadaire anglophone de Montréal que je ne nommerai pas mais qui parle de moi et de mon festival, UnPop Montréal, chaque année).

Les gens semblent oublier qu'on parle du même employeur qui a laissé ses journalistes en lock-out au Journal De Québec pendant, quoi, deux ans (?) pendant lesquelles le journal était quand même publié, avec des articles piqués aux autres journaux de la multinationale et aux agences de presse. Un patron qui part toujours en guerre contre ses employés dans l'espoir de créer un précédent juridique qu'il imposerait alors à tous ses employés.

Mais on a toujours chialé contre nos employés riches, jamais contre les employeurs. José Théodore, à 3 millions par année, c'était un pourri de la pire espèce, un traître, mais le Canadien de Montréal, lui, qui a les moyens de le payer autant parce qu'il amène à l'équipe des revenus dix fois plus élevés, c'est bien correct. En plus, le propriétaire est Américain, c'est normal qu'on lui appartienne, c'est dans nos gènes. Et on oublie que 3 millions, c'est pour 100 matchs, plus des dizaines d'apparitions publiques, 200 pratiques, et de l'entraînement sur-ou-hors-glace pour 300 des 365 jours de l'année (le commun des mortels, ici, travaille moins de 250 jours par an et son emploi se limite à aller au travail puis en repartir, pas y retourner 3 fois dans la même journée, des heures supplémentaire à la maison et visiter des enfants malades aux quatre coins de la province dans ses temps libres).

Là, la compagnie qui fait le plus d'argent et qui est la plus visible au Québec, qui nous sert des merdes à la télé, à la radio, en librairies, dans les épiceries avec leurs revues pour attardés mentaux et dans les journaux remplis de sang, de sexe et de sport (les 3 'S' du Succès!) - la compagnie qui est peut-être la plus abrutissante au monde auprès de la société qui la fait vivre - offre des conditions de travail bien en-deça du contrat de travail qui vient à échéance... et l'opinion publique est du côté des ''éleveurs de mongols'', comme le dit si bien la philosophe et critique sociale Stéphanie Ouellet??? C'est à n'y rien comprendre. Ou, en fait, c'est une preuve que leur travail de débilisation fonctionne trop bien.

Patrick Lagacé réplique bien dans son second blogue du jour, où il note la jalousie et l'envie des gens et explique très clairement au commun des débiles les raisons derrière le refus du syndicat de signer une telle entente suicidaire.


Il est surprenant de constanter que, cette fois, les commentaires sont généralement positifs, réfléchis et que les esclaves du patronat se font ou bien plus discrets sur ce billet ou sont enterrés par ceux qui expriment le bon sens.

Mais pour combien de temps?

J'y veille.


P.S.: désolé de n'avoir pas écrit autant sur mon blogue francophone que sur celui en anglais ou celui (trilingue) que je partage avec mon ami/correspondant pseudo-mexicain Alexandre Beaudoin-Duquettenous partageons notre point de vue sur l'avenir plutôt morbide de notre espèce et relevons certaines absurdités de la vie contemporaine... je n'avais aucune raison de négliger le blogue francophone, si ce n'est que j'ai l'impression de perdre ma capacité à écrire dans le langue de Steph Carse et Roch Voisine, capacité qui semble empirer et s'enfuir de jour en jour.