Le hockey terminé, il y a un nouveau sujet de l'heure au Québec: le biliguisme de la Fête Nationale! Et ça crie fort dans les chaumières: ''on les endure à longueur d'année, depuis 450 ans, on se fait notre propre fête pour célébrer notre survie vis-à-vis eux, et voilà qu'ils viennent même envahir notre Fête à nous''. Les groupes séparatistes sont en colère!
Peu importe d'où ils viennent et le message qu'ils véhiculent, j'ai toujours bien de la difficulté à ne pas associer les manifestants aggressifs et trop frustrés aux manifestants de droite aux États-Unis (exemple comique ici, un rallye anti-David Letterman). Bon, c'est sûr qu'une manif pacifique et pacifiste, c'est autre chose, mais la colère des anti-groupes anglophones de cet été est telle que, vraiment, elle frôle l'illogisme.
Bon, Nathalie Petrowski aborde un peu le sujet ici, en mentionnant que Simple Plan, Pascale Picard et Céline Dion font tous carrière internationale dans la langue de Men Without Hats, le fait demeure que, depuis 2003, à l'échelle mondiale, la musique canadienne est représentée par ses merdes extrêmes (Nickelback, Theory Of A Deadman, Sum-41, Avril Lavigne, Swollen Members - tous des bons Canadians provenant de l'ouest de Gatineau) et ses véritables artistes dont le travail de recherche est complexe et apprécié (Patrick Watson, Arcade Fire, The Dears, The Stills, The Nymphets, Wolf Parade, les Wainwright (Rufus et Martha), Melissa Auf Der Maur, et j'en passe - TOUS Montréalais.
Autant dans les années 70, c'était les Robert Charlebois, Offenbach et autres Harmonium qui éclairaient notre paysage culturel, autant de nos jours les Anglos de Montréal en sont les phares. On dit que la création et l'art en général se nourissent des douleur et des difficultés; les artistes sus-mentionnés la connaissent: ils vivent en minorité dans la seule vraie ville de leur province qui, elle, est la minorité de son continent. Ils sont une mise en abîme parfaite du monde dans lequel nous vivons tous, en ce nouveau millénaire.
Et il faudrait les refuser dans nos célébrations parce que, comme nous, ils ne 'fittent' pas dans leur environnement? Parce que comme nous, ils sont minoritaires?
Contrairement à leurs parents ou grand-parents, ces artistes de 30 ans et moins ont appris le français à l'école (grâce à la Loi 101); plusieurs, même, se feraient mieux comprendre de la communauté internationale que bien des Québécois pure-laine du fin fond des campagnes, parce qu'ils ont appris un français plus international et neutre à l'école, mais en nous côtoyant, ont aussi appris à apprivoiser notre accent distinct. Je me plais aussi d'ajouter que plusieurs d'entre eux écrivent leur français avec moins de fautes que la plupart d'entre nous.
Parlant de distinct, a-t-on déjà oublié que par deux fois nous avons perdu un référendum sur la souveraineté? Si on n'est pas capables de se convaincre soi-même du bien-fondé d'être maîtres chez soi, au lieu de blâmer ''l'argent et le vote ethnique'', ne devrions-nous pas convaincre l'autre majorité de notre province que, dans le fond, à part la langue, nous sommes tous disctincts, mentalement, du reste du Canada, du reste du continent, de par notre ouverture sur le monde, nos tendances gauchistes, notre côté égalitaire, notre nature à être contre la guerre non-fondée (celle d'Irak me vient en tête, alors que les manifestations étaient plus grosses à Montréal que dans le reste du pays, plus favorable aux invasions barbarres), pour la liberté plus que la sécurité...
Christ, les anglos du Québec, ce sont aussi des Québécois, ils sont bien plus proches de nous que des Torontois. Les Molson et les Bronfman, ce sont les premiers locaux qui ont pris leur destinée en mains aux dépens des Américains. Ils parlent notre langue - celle de l'auto-gérance.
Au lieu de s'en limiter aux slogans, il serait peut-être temps qu'on s'ouvre plus à notre propre monde qu'au monde extérieur, parce qu'à date, on semble porter des oeillères. On pourrait plutôt tenter de les convaincre du bien-fondé de nos intentions - celle d'assurer notre pérennité tout en habitant un pays où il fait bon habiter, où les enfants peuvent avoir une éducation qui a de l'allure, où les malades peuvent se faire guérir, où les élus ne parlent pas de rétablir la peine de mort ou contrer le droit à l'avortement, où on peut tenter de repousser encore plus loin les limites entre les gens et leurs droits, peu importe leur sexe, orientation sexuelle, origine ethnique, religion, opinion politique, langue maternelle.
En attendant, mon pays, ce n'est pas un pays où le français est la langue d'usage, c'est une bande de caves qui préfèrent se battre entre eux pour des conneries et qui acceptent de se faire dire ce qu'ils doivent faire par le premier ministre du pays voisin qui n'a même pas été élu majoritairement. Bravo.
ajout: Patrick Lagacé commente aussi, en fin de texte.
vendredi 19 juin 2009
Une Saint-Jean Bilingue! Tabarnak! (ajout)
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