Il y a longtemps, presqu'un an, j'avais commencé à écrire une chronique sur le Jour Du Souvenir, le jour-même où on le fête, en novembre dernier je crois. Mais je ne l'ai jamais terminé. Parce que... parce que...
Parce que.
J'aurais abordé ce que j'en pense, moi, de la guerre, ce que je vois comme utilité première à l'armée, comment ça me touche qu'il y ait presque chaque jour des morts inutiles de gens qui auraint pu être plus utiles dans des rôles semblables à l'intérieur de nos frontières.
J'aurais parlé de mon grand-père qui a été dans l'armée, qui est allé en Corée mais, surtout, qui a fait son devoir pendant la Crise d'Octobre même si ça allait à l'encontre de ses convictions les plus profondes, à cause de son seul sens du devoir.
Mais je ne l'ai pas fait. Du moins, pas encore.
Patrick Lagacé a, lui aussi, semble-t-il, eu un débat intérieur et décidé de ne pas aborder le sujet sous un angle qui porte matière à réflection. Il affirme en avoir parlé au rédacteur en chef de Voir Québec, David Desjardins, qui, lui, l'a écrit son texte.
Bon, aucun des deux n'aborde le sujet exactement du même angle que moi, mais tous les trois, quelque part entre l'introduction, le sujet principal et la conclusion, trouvons qu'il est salement con d'envoyer des gens se faire tuer à l'étranger dans le seul but de démontrer qu'une poignée de main, jadis, entre deux hommes politiques, vaut encore l'entente qui l'a incitée.
Parce que le Canada est l'Allié des États-Unis, et qu'ils croient que l'Afghanistan est responsable des événements du 11 septembre 2001 et leur ont déclaré la guerre, il fallait y aller. Le gouvernement a été renversé en quelques semaines, mais il faut y demeurer parce qu'il s'y trouve encore des insurgents qui veulent les remettre au pouvoir.
Ça fait sept ans.
Mettez-vous à leur place: rarement sommes-nous d'accord avec les décisions de notre gouvernement fédéral, et rarement sommes-nous mis au courant des personnes qu'ils engagent pour faire du boulot sale et borderline illégal. Admettons qu'un autre pays accuse notre gouvernement d'avoir orchestré un coup sale chez eux; nous aurions beau être en total désaccord, nous ne pourrions rien faire avant les prochaines élections - de toute façon, le gouvernement a l'armée et la GRC pour se défendre si on veut s'en prendre à eux.
Bon, là, le pays outré nous envahit et fait tomber notre gouvernemet puis, après, organise des élections où il nous offre le choix entre deux marionettes qui vont être ben ben fins avec eux. Nous votons, ils ont leur puppet, mais les tabarnak, ils restent. Et amènent leurs amis. Pendant sept ans! Et ils nous volent notre eau, nos forêts, nous coupent l'électricité entre 20h et minuit pour alimenter leurs bases militaires. Et l'armée ne peut rien contre eux parce qu'ils travaillent ensemble - et le premier ministre a été mis là (et choisi) par eux.
Même les moins cons seraient tentés de prendre les armes et s'insurger.
Et c'est ce que plusieurs font, et des fois, même avec moins de moyens et d'entraînement, il y en a des 'chanceux' qui réussissent à percer les murailles et dispositifs de sécurité de nos bons soldats, et des compatriotes à nous meurent, à des milliers de kilomètres de tout ce qui leur tient à coeur.
Le but d'une armée, c'est d'avoir une force pour se défendre. Pour résister à l'envahisseur.
Les Canadiens-Anglais ne l'ont jamais compris. Ils utilisent l'armée pour déblayer les rues de Toronto quand il neige trop l'hiver. Et le grand Lester B. Pearson... c'est lui, gagnant d'un prix Nobel de la paix (faut dire que George W. Bush et Tony Blair en ont obtenu un, également, juste avant d'envahir l'Irak), qui a eu l'heureuse idée d'utiliser des gens dont l'entraînement consiste à tuer des gens et les mettre dans un contexte où il ne doivent pas se battre mais, plutôt, garder la paix. D'où les Casques Bleus. Ça a marché, un certain temps. Pour des missions courtes.
Mais pour des missions plus longues, en Somalie, par exemple, les militaires qui le sont pour les mauvaises raisons, les tueurs stéroïdés, par exemple, ou juste les dangeureux, ben eux aussi ils y sont, et ils sont souvent incontrôlables, ce qui fait qu'on a pu retrouver des garçons locaux, nus, attachés à des arbres, saignant de partout, ayant été torturés et violés... pour le fun. Et l'armée d'excuser ces soldats plutôt que de les punir, ce qui du coup enlève toute crédibilité à la majorité d'entre eux qui savent bien se comporter.
Se défendre, donc. Défendre nos frontières, nos réserves d'eau, nos richesses naturelles, nos peuples. Se préparer, comme les irakiens, à une guerre normale (de personne-à-personne et de technologie-à-technologie) mais aussi se préparer à devoir agir en guerillas si le gouvernement tombe, à utiliser toutes les tactiques et techniques apprises pour reprendre le contrôle et, encore une fois, défendre la patrie.
Parce qu'au nombre effarant d'accusations internationales (parfois, comme en Irak, absolument fausses), au climat politique mondial actuel, avec les ressources naturelles qui se font rares partout sur terre, avec notre calotte polaire qui fond et qui, même si elle est sur notre territoire selon toutes les cartes mondiales se fait contester par la Russie et les États-Unis, c'est ici que nous avons besoin de nos militaires.
Le plus tôt possible.
Parce que c'est ici qu'on en a besoin, et c'est en faisant leur job ici qu'on n'aura pas le choix d'admettre qu'ils sont des héros, quoiqu'en pense Lagacé.
jeudi 24 septembre 2009
Militarisme Et Convictions
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3 commentaires:
J'ai lu votre texte par le bien du blogue de Patrick Lagacé.
Petite précision: la responsabilité d'Al Qaeda dans les attentats du 11 septembre fut connu très rapidement. Ben Laden lui-même l'avait reconnu. Il était également connu et notoire qu'Al Qaeda avait des bases opérationnelles en Afghanistan, et ce, avec l'accord du gouvernement taliban de l'époque. Washington avait alors exigé la collaboration des autorités talibanes pour mettre fin aux activités d'Al Qaeda. Le gouvernement taliban a refusé, et on connaît la suite. Je crois qu'à l'époque l'invasion de l'Afghanistan était donc entièrement justifiée. Il était inacceptable que le gouvernement taliban - ou tout autre gouvernement d'ailleurs - supporte une organisation comme Al Qaeda sans en payer les conséquences.
La mission originale était donc simplement d'éliminer Al Qaeda, mission qui a été accomplie avec succès. Aujourd'hui Al Qaeda est une organisation exsangue, qui a été traquée et frappée par à peu près tous les gouvernements de la Terre. Ben Laden peut bien diffuser un vidéo de temps à autre, mais c'est une organisation essentiellement détruite et impotente.
Al Qaeda est donc la seule raison qui faisait de l'Afghanistan un enjeu stratégique important. Cet enjeu a disparu, et l'Afghanistan ne représente plus aucun intérêt stratégique. Ceci veut donc dire qu'il n'est plus nécessaire d'être en Afghanistan.
Malheureusement après l'invasion on a décidé de faire du "nation-building" en Afghanistan dans le but de sortir le pays de son marasme. Le "nation- building" est une entreprise hautement périlleuse dont le seul cas réellement réussi historiquement fut celui du Japon suite à la Seconde Guerre Mondiale. Les démocraties occidentales, allergiques à toute perte de vie humaine, sont fort mal adaptées à ce genre d'entreprise dont la durée peut facilement atteindre une ou deux générations.
En somme, je suis d'accord, en tant que groupe terroriste le plus puissant de la planète, Al Qaeda se devait de passer au tordeur, comme le gouvernement taliban qui les abritait, comme le Pakistan qui en abrite encore plusieurs... mais qu'on ne peut pas pénétrer parce qu'ils sont nos alliés...
Et, oui, cette mission est terminée en Afghanistan.
Bring them home, comme ils disent au sud de chez nous.
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