mardi 22 septembre 2009

Le Cinéma D'Auteur Se Meurt Au Québec

En janvier, quand ils ont annoncé la fermeture du complexe de cinéma Ex-Centris, pratiquement le seul lieu dediffusion de film d'auteur qui se respecte toujours au Québec (le Cinéma Du Parc n'a pas été lavé depuis les années 90 et le Beaubien affiche des films 6 mois en retard, faites pas chier), j'avais écrit un texte (qu'évidemment je ne retrouve plus) qui annonçait la mort du film d'auteur dans mon coin de pays, du moins en salle, du moins pour un temps.

Oh, les 'experts' prédisaient une baisse de ''un pourcent'', surtout pour les films d'auteurs français (les plus plates d'entre tous), les faisant chuter de 6 ou 7% des ventes totales de billets de cinéma vers environ 5%, mais rien de dramatique.

Hors, voilà que le charmant Marc Cassivi livre, sur Cyberpresse, sa plus longue chronique de l'année, qui nous apprend, et je cite:
Du 1er mai au 10 septembre, le cinéma français n'a compté que pour 1% du box-office total du cinéma projeté en salles au Québec, selon les statistiques dévoilées cette semaine par Cinéac.
Et pour tout mettre en perspective:
Jeudi, l'Observatoire de la culture de l'Institut de la statistique du Québec révélait que le taux d'occupation des salles de cinéma québécoises était à son plus bas depuis 25 ans (11,4%) en 2008.
Donc, non seulement le pourcentage est moindre (plus de cinq fois moins, en fait), mais il l'est d'un chiffre de base qui est lui aussi en baisse - en fait, ridiculement bas.

Que le taux d'occupation des salles soit quasi nul, on peut comprendre: quand des complexes de 12 salles ne mettent à l'affiche que les mêmes trois merdes américaines en version française traduit en France, il faut s'attendre à ce que les gens évitent de payer 10$ le billet (sans compter les boissons et friandises, le stationnement, les frais de garde pourc eux qui ont des enfants...) et préfèrent rester chez eux à regarder des DVD loués, à moins de 10$ pour 4 films pour 5 jours - donc s'il y a merde dans les quatre, on l'arrête et en regarde un autre à la place. Surtout que les chiffres de ventes des écrans plasmas a quadruplé depuis un an et demi... on se retrouve avec une meilleure définition, un volume qu'on peut régler, les meilleures sièges dans la salle, et quatre films pour la moitié du prix d'un seul - et une bouteille de 2 litres de Pepsi à la moitié du prix d'un verre...

Alors il est où, le problème?

Il est partout en ce qui a trait aux films en salle. On peut commencer par n'importe quel bout, mais commençons par le point de vue du cinéphile: ça coûte trop cher pour voir un film de piètre qualité.

Le film est nul parce que ceux qui les achètent pour les diffuser ne veulent pas prendre de risques et veulent avoir des films que toute la famille voudra (potentiellement) voir; il est meiux, en effet, pour eux, de s'acheter les droits sur un navet de Disney qui peut-être remplira leur salle pendant une fin de semaine que de s'assurer de la remplir à moitié pendant deux semaines consécutives avec un film d'un auteur reconnu par les cinéphiles.

C'est pour ça que ce sont ces films-là, et les grosses merdes américaines en général, et ceux qui suivent les modes (horreur en 2008, comédie en 2002, action/comédie en 1998) qui sont poussés par les distributeurs.

Mais aussi parce que les studios s'en tiennent aux recettes pré-établies plutôt qu'à l'originalité pour vendre leurs films. C'est par chance qu'un de leurs films sera: 1. bon; 2. vu; 3. acclamé et apprécié; 4. retenu pour certains prix. S'il gagne, là on le re-sort, on le mousse; sinon, on l'oublie et on passe à Iron Man 2 ou Spider-Man 4.

La chaîne est longue, et toutes ses parties sont rouillées. Et à la toute fin, le spectateur, en plus, est roulé. Et il est tanné.

Un film, à la base, c'est une idée. Bonne ou mauvaise, mais une idée, mise sur papier. Quelqu'un la lit, la trouve bonne (ou voit des façons de l'améliorer) et décide de la transformer pour la porter à l'écran et y raconter l'histoire. Soit cette personne-là finance l'idée, ou elle trouve quelqu'un qui le fera. Ensuite, on bâtit une équipe qui sera chargée de rendre ce rêve une réalité.

Déjà là, plusieurs visions entrent en ligne de compte qui pourraient obstruer (ou prostituer) la vision première de son créateur. Ne serait-on donc pas mieux de seulement commencer avec les bonnes idées à la base, au lieu de répéter celle qui a fonctionné une, deux, trois fois? Parce qu'un bonne idée surprend et amène à réfléchir; une idée recyclée, au mieux, divertit, mais risque encore plus de stagner, faire perdre sont temps, d'ennuyer...

Va falloir que ces méga-entreprises qui dirigent toutes les étapes de la fabrication à la distributions des films cessent de prendre le monde pour des caves et leur donne du divertissement de qualité avant de chialer qu'ils se font déserter...

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